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27 mars 2006 1 27 /03 /mars /2006 10:22

      Karma Yéshé est considéré comme l’un des rares maîtres en peinture sacrée.
Résident au temple Kagyu Ling, en Bourgogne, ce peintre bhoutanais décore, depuis des années les fresques du temple principal des mille Bouddhas.
      Karma Yéshé est né le 10 avril 1966 au Bhoutan. Il était le petit-fils d’un yogi nyingmapa
renommé. A l’age de 9 ans, il perdit sa mère envers qui il éprouvait un profond amour.
Il tomba malade durant 2 mois et en garda une profonde surdité.
Son oncle, Lama Sherab Dordjé, supérieur de la congrégation Dashang Kagyu Ling, en Bourgogne lui conseilla d’étudier l’art de la peinture sacrée bouddhique.
Il devint l’élève de Maître Tchimé, à Thimpou, capitale du Bhoutan. Puis il approfondit ses connaissances avec maître Kuzang, au Népal.
Karma Yéshé a reçu deux transmissions, Karma kagyu (Karma Gardri, technique de thankas roulées pour les nomades) et Nyingmapa (Mendri).

En 1986, il arrive à Dashang kagyu Ling où il entreprend la décoration du splendide temple des mille Bouddhas qui n’est pas encore tout à fait terminée.
Actuellement, il travaille à la réalisation de mandalas géants, qui orneront le plafond du temple.
Il réalise aussi des thankas.
Karma Yéshé est expert en dessin et en réalisation de mandalas en poudres de couleur. Chaque année, il en réalise une de 2 mètres carré sur place et d’autres, plus petits, lors d’échanges culturels, comme à Bâle (Suisse), Lyon, Amiens, etc…
Après Dix-huit années d’études et de pratique, Karma Yéshé est devenu un très grand peintre, le seul maître oriental de sa valeur en Europe.
 Habilité à transmettre son art et à former des occidentaux, il exige de ses élèves une forte motivation.
Karma Yéshé réalise tout lui-même, y compris la préparation de la toile.
Il peint selon une technique traditionnelle avec des pigments minéraux, résistant aux craquements et donnant un aspect ancien.
Son geste est souple, lié à la respiration, et il corrige très peu.
Ses thankas noires sont rehaussées de peinture à l’or achetée au Népal.
Après préparation de la toile et exécution du dessin,
la réalisation d’une thanka lui prend environ 50 à 60 heures, environ 70 heures pour la représentation d’un yidam irrité.
Dans le vajrayana, le pratiquant utilise de nombreuses méthodes pour reconnaître la nature de son propre esprit, la nature de bouddha présente en chacun, et s’éveiller comme le fit le Bouddha Sakyamouni, il y a 2500 ans




















   Les thankas (peintures sur toiles) sont des représentations symboliques des qualités naturelles de notre esprit. Les yidams (divinités de lien) représentés sont l’expression du dynamisme de
L’esprit indifférencié de la clarté-vacuité caractérisant la nature de l’esprit.
Les contempler nous relie progressivement à notre nature de bouddha.
C’est pourquoi posséder une thanka chez soi a de grands bienfaits.
Paix, santé, longue vie, richesse…sont les exemples de bienfaits ordinaires.
   L’art sacré bouddhique est directement issu des expériences contemplatives des éveillés du passé, du présent et du futur. Il est le reflet de l’amour, de la compassion, de l’altruisme, de la générosité et de la sagesse des bouddhas.
Puisse la vue de ces précieuses œuvres nous réjouir…

Karma Yéshé, quelle est la fonction des thankas ?

Je ne suis pas un enseignant du Dharma. Demandez à mes maîtres. Je peux juste dire que les thankas ne sont pas des portraits, mais des représentations dont le but principal est le bien de tous les êtres.

Néanmoins, vous exposez vos oeuvres…

Elles sont destinées à transmettre la sérénité par la représentation : C’est ce que l’on nomme la libération par la vue. Libération possible par tous les sens.

En quelle disposition d’esprit êtes-vous lorsque vous travaillez ?

Lorsque je peins, je m’absorbe en moi-même dans une profonde sérénité que je m’efforce de faire rejaillir sur la toile afin que sa vision inspire à tous ceux qui la verront une même profonde sérénité.
 Un exemple :de la libération par la vue : Le DalaÏ-Lama. Il enseigne à des milliers de gens
mais il offre aussi une image de sérénité. Sa vue inspire.
Quant à moi, je souhaite générer un état de sérénité et de bienveillance égal à ce qu’inspire la vue du Dalaï-Lama enseignant. Je suis simplement un artiste du Dharma qui peint les yidams avec son cœur.
Sans les enseignements, pas de peintures, et sans peintures, on ne pourrait accéder aux enseignements du Vajrayana. Je suis très heureux de participer à cette interdépendance et à cette transmission.
Mon art me met dans un état de contentement et de générosité que j’espère communiquer à ceux qui le verront.
Puissent-ils tous trouver à leur tour, bonheur et sérénité !
Telle est la raison pour laquelle je fais des expositions.

Que sont les Yidams ?

Je ne veux pas essayer de parler du Dharma. Je ne suis pas un enseignant du Dharma. Je n’étudie plus depuis longtemps.
Je reçois ce qui émane directement du yidam, qui est un aspect de l’enseignement en nous, sans qu’intervienne l’intellect.

L’art sacré ne laisse pas de place à l’inspiration personnelle, il est à l’opposé de l’art pour l’art…

L’artiste doit respecter les canons qui permettent de transmettre la force de l’inspiration de ce qu’ils représentent. Le respect des ces canons leur conserve leur charge authentique qui est celle des maîtres éveillés qui les ont établis, même si l’artiste lui-même n’est pas éveillé. L’artiste vit ce qu’il peut, sans forcément comprendre tout le symbolisme de la thanka.
Je donne à mon art un aspect sacré. Si mon esprit est ailleurs, je m’arrête.
J’associe la respiration au geste pour ancrer ma motivation dans une bienveillance maximale.

* Propos recueillis par J-F Gantois


Karma Yéshé enseigne dans le cadre de l’association « Pigments et Arts du Monde »
20 rue Louis Morard à Paris 14
01 46 48 84 41

Dashang Kagyu Ling
Château de Plaige
71 320 La Boulaye
03 85 79 62 53

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